ARCHÉOLOGIE – Une mission italo-irakienne a mis au jour des vestiges vinicoles vieux de près de 2700 ans au nord du pays, dans une région ravagée par les pillages.
Octobre sourit décidément à l’archéologie du vin. Après la découverte d’un important complexe vinicole byzantin en Israël, des archéologues italiens et kurdes irakiens ont annoncé dimanche la découverte en Irak de pressoirs à vin et de bas-reliefs sculptés dans les parois d’un canal d’irrigation, des vestiges datant de l’époque des rois assyriens, vers les VIIIe-VIIe siècles avant notre ère.
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Les vestiges ont été mis à jour par une mission conjointe réunissant des archéologues italiens et leurs homologues de la Direction des antiquités de Dohouk, au Kurdistan irakien, sur deux sites remontant aux règnes de Sargon II (721-705 avant J.-C.) et de son fils Sénnachérib, qui lui a succédé. Roi d’Assyrie au VIIIe siècle avant J.-C., Sargon II avait établi sa capitale dans le nord de l’Irak, sur l’actuelle plaine de Ninive, près de Mossoul.
Près du site de Khinis, les archéologues ont découvert les restes d’une «fabrique à vin de taille industrielle», qui daterait de l’époque de Sénnachérib (704-681 av. J-C.), a expliqué à l’AFP l’archéologue Daniele Morandi Bonacossi, co-directeur italien de l’équipe. «Nous avons retrouvé quatorze installations utilisées pour presser les grappes et en extraire le jus, ensuite transformé en vin», a précisé le chercheur rattaché à l’université italienne d’Udine. Selon lui, il s’agirait de la première découverte du genre en Irak.
Un ancien canal assyrien bordé de hauts-reliefs, découvert par l’équipe italienne dans le nord de l’Irak, à Faida. Terra Di Ninive / AFP
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Des bas-reliefs royaux
Sur le site de Faida (nord de l’Irak), les archéologues ont retrouvé un canal d’irrigation long de neuf kilomètres. «Douze bas-reliefs monumentaux» de cinq mètres de large sur deux mètres de haut datant de la fin du VIIIe siècle avant J.-C. et du début du VIIe siècle avant J.-C sont visibles sur ses parois. Commandité soit par Sargon II, soit par Sénnachérib, chaque panneau «représente le roi assyrien en train de prier devant les dieux», explique Daniele Morandi Bonacossi, avec «les sept divinités les plus importantes du panthéon assyrien, représentées sous forme de statues». «Les statues sont portées par des animaux sacrés (…) Ishtar la déesse de l’amour et de la guerre est sur un lion», explique l’archéologue.
Du fabuleux palais et des temples construits sous le règne de Sargon II ont survécu plusieurs mythiques taureaux ailés – Lamassu – et des fresques murales exhibées au musée de Bagdad, mais également dans les collections du Louvre, à Paris. L’Irak est le berceau des civilisations de Sumer, d’Akkad, de Babylone et d’Assyrie, auxquelles l’humanité doit l’écriture et les premières villes. Le pays souffre depuis des décennies du pillage de ses antiquités, notamment après l’invasion américaine de 2003 et l’arrivée des jihadistes du groupe État islamique (EI) dix ans plus tard.
