l’essentiel
Un chef de mission de l’ONG controversée SOS chrétiens d’Irak est invité ce vendredi à Gramat pour parler de sa prise d’otage en 2020 en Irak. Mais plusieurs associations ne voient pas cette invitation d’un bon œil : pour elles, l’organisme en question est favorable au régime de Bachar al-Assad. Elles demandent au maire l’annulation de la rencontre.
C’est une intervention qui n’est pas du goût de tout le monde. Aujourd’hui, à 20 heures, la paroisse de Gramat a invité Alexandre Goodarzy à venir témoigner sur la prise d’otage par les islamistes dont il a été victime en Irak en janvier 2020, dans le cadre d’une mission humanitaire. Le chrétien français est directeur adjoint des opérations et responsable développement chez SOS Chrétiens d’Orient. Mais pour le collectif PSLD ( Pour une Syrie libre et démocratique), il y a un problème. « Sous couvert d’aide aux chrétiens, cette ONG française finance des organes du régime syrien», explique un porte-parole du collectif. Il a envoyé un courrier au maire pour dire son «étonnement» : « Notre collectif a pour objet d’alerter l’opinion française sur les gravissimes atteintes aux droits humains commises par le régime Assad en place depuis 1970 suite à un coup d’État. C’est pourquoi, nous vous faisons part de notre vive inquiétude en apprenant que l’un de ses dirigeants serait invité à s’exprimer depuis votre Ville de Gramat (…) Pour ces raisons, et pour la réputation de votre municipalité, nous vous suggérons de ne pas autoriser cette conférence». Irène Labeyrie, une architecte française qui a travaillé pendant trente-sept ans en Syrie, tire aussi la sonnette d’alarme : « Il s’agit d’une organisation politique d’extrême droite, communautariste, qui se camoufle sous des airs humanitaires, pour exploiter financièrement et politiquement le sentiment compassionnel naturel de nos concitoyens devant le désastre en Syrie».
Un évènement » apolitique »
Michel Sylvestre, le maire de Gramat, assure ne pas être au courant : « Je plaide non-coupable, c’est le presbytère qui organise et non pas la mairie ». Alexandre Bulea, le prêtre de Gramat ne voit pas le mal : « Il s’agit d’une présentation sur ce que vivent les chrétiens d’Orient et sur leurs difficultés, il est déjà intervenu dans d’autres paroisses, c’est un homme de foi, cet évènement est complètement apolitique, sinon je ne l’aurais pas autorisé». Élisabeth Desrumeaux, paroissienne et à l’origine de cette invitation, assure ne pas connaître les accusations faites par plusieurs associations à SOS chrétiens d’Irak. « Alexandre Goodarzy a vécu en Syrie pendant plusieurs années pour l’aide humanitaire, il n’y a pas d’amalgame possible sur son profil, il apportera aujourd’hui un témoignage de foi, je l’ai déjà entendu lors d’une conférence et il n’a pas parlé du régime de Bachar Al Assad en des termes flatteurs», explique-t-elle. De son côté, l’association SOS chrétiens d’Irak réfute ces accusations : » On est une association qui travaille en Syrie donc certains pensent qu’on est des alliés du régime, ce n’est pas le cas ».
Malgré les critiques, la conférence se tiendra bien aujourd’hui à 20 heures salle Béthanie, un espace paroissial.