REVUE DE PRESSE – Le réalisateur américain mélange plusieurs histoires dans ce qui passe, aux yeux de certains, à un film à sketchs dispensable.
Un casting cinq étoiles, un monde imaginaire incroyable, des tableaux poétiques, un humour léger… Tout semble être réuni mais parfois ça ne suffit pas. La dernière réalisation de Wes Anderson sorti le 27 octobre dans les salles obscures a été saluée au Festival de Cannes, et se trouvait en lice pour la palme d’or.
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Une reconnaissance méritée, selon nos critiques Éric Neuhoff et Étienne Sorin. «Wes Anderson est le roi de la miniature, un fou du détail, un adepte de l’élégance et de la précision. Sa méticulosité touche à la poésie. Son hommage au New Yorker multiplie les références, bourdonne de citations. Le tout déborde d’idées et d’invention», salue le premier. «Le cinéma est une lanterne magique, un réservoir inépuisable de fictions. Anderson use de toute sa panoplie (voix off, récits enchâssés, split screen, animation et partition d’Alexandre Desplat) pour un hommage parodique au New Yorker. Les blasés y verront peut-être une source d’ennui. Mais à Cannes, où les films informes sont en nombre, le style de Wes Anderson continue d’impressionner», assure le second.
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La critique du New Yorker était également très attendue ; elle est dithyrambique «The French Dispatch est peut-être le meilleur film d’Anderson à ce jour», s’enthousiasme le magazine, avant d’ajouter que son réalisateur «atteint de nouvelles dimensions d’ingéniosité décorative et d’observation sociale.» Le journal met en évidence la sensibilité de création du réalisateur qui, plutôt que de montrer à l’écran «la douleur authentique» qu’impliquent les sujets graves qu’il aborde, «Il suscite l’émotion.» Pour celui qui a inspiré le journal fictif du film, la profusion de détails ne le rends pas trop lourd mais en fait «de loin le film le plus riche.»
Et pourtant, cette richesse est parfois reprochée au dernier film d’Anderson. Bienvenue à Ennui-sur-Blasé qui, comme son nom l’indique, n’est pas témoin de beaucoup d’évènements. Juste assez, selon Écran Large, pour laisser place aux «longues tirades, digressions des narrateurs, précisions écrites, remises en contextes et autres verbiages pompeux, qui font facilement perdre le déroulé des événements.»
« Le film finit par émerveiller autant qu’il déçoit. »
Écran Large
D’un point de vue purement esthétique le film est un véritable succès selon Écran Large, puisque «Wes Anderson joue autant que possible avec la plastique de son film, offrant un spectacle visuel sublime, mais surtout des idées de mises en scène et de direction artistique plus inventives et ambitieuses les unes que les autres», se réjouit le journal. Les Inrockuptibles voient cette diversité de tableaux comme un «bac à sable orgiaque» qui se révèle être «une possibilité d’exploser ses performances», mais teste rapidement ses limites : «L’orfèvrerie visuelle du cinéaste qui masque mal un rapport au monde et aux humains de plus en plus réifié et morbide.»
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La qualité du casting, quant à elle, ne réussit pas à faire oublier la quantité d’acteurs qui semblent ne faire que passer «sans y rester» et ne sont pas approfondis, regrette Premiere. Pourtant attendri par l’image de cette presse un peu vieillotte que donne le film, le journal dresse un bilan sceptique quant à la filmographie du réalisateur : «(Les films de Wes Anderson)Peut-on les aimer à chaque fois, sans qu’ils nous fatiguent de temps à autre ou faut-il être d’humeur Wes pour apprécier un film d’Anderson ?»
« Tous les Wes Anderson, celui qui nous touche, celui qui nous sidère et celui qui finit parfois – parfois au sein du même film – par nous lasser. »
Premiere
Pour le New York Times, The French Dispatch ne parle pas véritablement de journalisme : «Le film teinté de nostalgie d’Anderson traite plutôt d’un vieux sujet : l’écrivain américain à Paris.» Le journal le voit plutôt comme une déclaration d’amour d’un réalisateur au pays qui l’a adopté depuis près d’une décennie : «La France a clairement une emprise émotionnelle sur le réalisateur.»
Si The Guardian a bien ri : «Ce n’est peut-être pas le summum de ce qu’il peut faire, mais pour le plaisir pur de chaque instant, et pour le rire, c’est un régal», Télérama, quant à lui, condamne Wes Anderson. Pour le journal français, le réalisateur a atteint les limites de son art ou tout du moins «son maniérisme assumé de dandy atteint ici ses limites. The French Dispatch n’est pas un film raté mais il provoque l’ennui, tant il sue la minutie.»
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