TÉMOIGNAGES – Prix de l’essence, lassitude de la conduite en solitaire… De plus en plus de Français décident de mutualiser leurs trajets en voiture.
À 29 ans, Coralie avale chaque jour soixante kilomètres pour se rendre au travail, et autant pour revenir dans son petit village de Saint-Laurent (Creuse). Avec ses collègues, cette animatrice d’un réseau de salons de coiffure organise désormais ses trajets en covoiturage. Une décision motivée par la récente explosion du prix des carburants, qui a eu un effet radical sur le porte-monnaie de la jeune femme. «Je ne fais plus le plein qu’une fois par mois au lieu de trois auparavant, soit à peu près 150 euros d’économies par mois» se félicite-t-elle.
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Coralie n’est pas la seule à avoir pris cette décision pour des raisons financières. Entreprise leader du covoiturage domicile-travail en Europe, Klaxit a enregistré une augmentation de 50 % du nombre de trajets planifiés sur son application et un doublement des inscriptions quotidiennes depuis le 4 octobre. De son côté, BlablaCar fait état de chiffres similaires sur ses trajets courts et quotidiens. «Avec l’augmentation du prix de l’essence, il y a un afflux de nouveaux inscrits qui proposent du covoiturage», soulignait dans nos colonnes Nicolas Brusson, cofondateur et directeur général de BlablaCar.
Surveiller les dépenses
C’est pour surveiller ses dépenses mises à mal par l’inflation que, comme Coralie, Nawel a opté pour le covoiturage. Cette Parisienne de 27 ans travaille depuis 3 ans dans un laboratoire de produits de cosmétique à Saint-Ouen-l’Aumône. Le télétravail est impossible dans son métier et elle doit donc parcourir soixante-dix kilomètres aller-retour. D’abord utilisatrice des transports publics, celle-ci finit par s’acheter une voiture en janvier dernier, «pour se simplifier la vie» reconnaît-elle.
Avec le prix d’achat du véhicule et celui de l’essence qui ne cesse de s’envoler, Nawell a vite eu besoin d’un moyen d’amortir le choc sur son budget. «J’ai tout de suite pensé à faire du covoiturage car j’en avais entendu parler sur mon lieu de travail», dit-elle. Des collègues lui parlent alors de l’application de covoiturage Karos. Au gré des grèves de la SNCF, elle prend jusqu’à trois collègues dans sa voiture, pour à peu près une centaine d’euros par mois. Ce complément n’est pas de trop : «avec au moins un plein d’essence chaque mois, ça permet de relativiser le coût de l’inflation», explique-t-elle.
Covoiturer avec des inconnus ?
Pour Nawel, le covoiturage est surtout intéressant avec des personnes travaillant sur le même site. «Si on n’a pas exactement le même trajet, ça devient compliqué. Déposer la personne au métro d’avant ou d’après ma station peut me faire perdre une demi-heure» précise-t-elle.
Contrairement à Nawell, Pauline, trente-deux ans, a pour habitude de covoiturer avec des inconnus. Si elle n’était pas sans appréhension au début, covoiturer avec des voyageurs qu’elle ne connait pas lui semble maintenant naturel. «L’application demande des éléments d’identité comme la carte nationale d’identité ou la carte grise, dit-elle. Rien qu’avec la photo et les SMS –nécessaires pour convenir du point de rendez-vous-, on a une première impression, ce qui peut rassurer.»
« Un mois après avoir commencé à covoiturer ensemble, on a eu un accident de voiture. Ça rapproche. »
Pauline, passagère régulière de Nawel
Ce n’est pas l’argument financier qui a fini de convaincre Pauline de faire du covoiturage. «Pour les passagers comme moi, le coût est assez transparent : je paye le Navigo donc ça ne me coûte pas moins cher que les transports publics.» Mais le gain de temps est, lui, loin d’être marginal : il ne lui faut qu’une heure pour se rendre au travail au lieu d’une heure et demie par les transports publics. Avec son lot d’aventures, le covoiturage a aussi été l’occasion de casser le fameux rythme métro-boulot-dodo. «Un mois après avoir commencé à covoiturer ensemble, on a eu un accident de voiture, dit-elle. Ça rapproche…»
« C’est convivial, il y a toujours un échange qui se crée »
Adrien, covoitureur
Adrien, 21 ans, est un vieux briscard du covoiturage qu’il pratique depuis six ans, au départ comme passager et maintenant comme chauffeur. Trois jours par semaine, il fait une quarantaine de kilomètres aller-retour entre son domicile à Loiron (Mayenne) et son lieu de travail à Torcé, grâce à l’application de covoiturage Klaxit. Il touche 3 euros par trajet, un prix fixé par l’application. Mais l’essentiel n’est pas là pour Adrien. «La nuit, quand la fatigue se fait sentir, la radio peut ne pas suffire. Avec le covoiturage, c’est convivial, il y a toujours un échange qui se crée» raconte-t-il. Économique et convivial, le covoiturage maison-travail pourrait bien rentrer durablement dans les mœurs des salariés.
