Victime de son succès, la nouvelle exposition du Muséum national d’histoire naturelle offre une immersion complète et fascinante à travers la planète. Vous avez jusqu’au 4 juillet pour vous y plonger.
Meirone a quatre ans, de grands yeux marron, et une passion dans la vie : les animaux. Surtout les serpents. Alors forcément, au Muséum d’Histoire naturelle de Paris, il se sent comme un poisson dans l’eau. Au point de rester captivé pendant vingt minutes par les vidéos d’insectes de «L’Odyssée sensorielle».
Lancée le 23 octobre, cette exposition réalisée par le studio Sensory Odyssey propose une plongée au cœur de la nature, via des projections sur grand écran, des ambiances sonores, et de discrètes odeurs reconstituées. De la savane au Grand Nord, chaque salle crée son propre univers. Et ça fonctionne. Lorsque les gros plans d’une abeille s’enchaînent, et que son bourdonnement résonne dans les enceintes, Meirone se cache les yeux. «Elle va me piquer !», s’écrie-t-il.
Pourtant, «L’Odyssée sensorielle» demande un temps d’adaptation. Le visiteur débarque dans la première salle après une longue file d’attente, sans trop connaître le détail de l’exposition, et se retrouve à regarder, debout, une vidéo de flamants roses. Pas de décors, pas d’explications. Pas même de musique. Juste des flamants roses, et le bruit de leurs ailes. Le regard perplexe des spectateurs en dit long.
L’odeur des fauves et des fleurs
Passée l’effet de surprise, le charme opère. Par petits groupes, les visiteurs déambulent à travers huit salles, entourés par les écrans géants, et les réticences laissent place à l’imagination. Les enfants s’allongent sur la moquette pour admirer la forêt tropicale. Les adultes hésitent quelques secondes avant de les imiter. Coline, six ans, poursuit une colombe virtuelle sous l’œil attendri de sa mère. «Nous sommes presque plus dans la contemplation que dans l’immersion, explique Bruno David, président du Muséum d’histoire naturelle. Nous essayons de faire voyager le visiteur, de le mener à différents endroits de la planète.»
Pour cela, la quasi-totalité des vidéos diffusées sont de véritables images tournées par Sensory Odyssey. Les ambiances sonores ont elles aussi été enregistrées sur le terrain. Seules les odeurs de fauves ou de fleurs ont été recréées, mais sont volontairement ténues pour ne pas être entêtantes.
«Nous sommes presque plus dans la contemplation que dans l’immersion», explique Bruno David, président du Muséum d’histoire naturelle. Lise Lohez
Il faut attendre la dernière salle, baptisée «Retour d’exploration», pour accéder à plus d’informations. L’Odyssée sensorielle n’apporte aucun panneau explicatif avant son point final, et c’est parfait ainsi : les visiteurs se perdent dans leurs pensées face à l’immensité de l’océan, ou observent les insectes de la prairie avec une curiosité amusée. La salle dédiée au Groenland, elle, suscite chez eux une étrange mélancolie.
Pour l’instant, ce parti pris «tout en sensations» fonctionne. «L’exposition ne pouvait pas mieux démarrer», se réjouit Bruno David. Les créneaux de réservation sont complets jusqu’à la fin des vacances de la Toussaint, mais le Muséum devrait augmenter les jauges de visiteurs dans le courant de cette semaine.
Ce succès n’a rien d’étonnant. Que l’on ait un faible pour le sol grouillant d’insectes, comme Bruno David, ou pour «la mer et le corail», à l’instar de la petite Tiphaine, L’Odyssée sensorielle a gagné son pari en créant «un sentiment profond de résonance avec le monde vivant».
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Cinéma, théâtre, musique… Les étudiants-journalistes d’IPJ, l’Institut Pratique du Journalisme de l’Université Paris Dauphine , proposent leur regard sur l’actualité culturelle. IPJ Dauphine